Écoutez son reportage complet à Gaza :
La famille Abou Ada vit à Khan Younès, l’une des villes les plus touchées par les bombardements. Il y a trois semaines, six membres de cette famille ont décidé d‘abandonner leur maison poussiéreuse.
Un couple sans travail et leurs 4 enfants, l’un d’eux agé d’à peine huit mois. Ils sont passés par le poste frontière de Rafah, direction l’Egypte. C’est ce que raconte le frère du père de famille :
"Ils sont passés légalement. Ils sont allés jusqu’au port d’Alexandrie, et il y a cinq jours, ils ont embarqué sur un bateau. Pour partir en Italie. Ils ont payé 5 000 dollars. Mais leur bateau a heurté un rocher juste au départ. Les Egyptiens ont pu les sauver. Maintenant, ils sont en prison à Alexandrie. Les Egyptiens accusent mon frère d’être un membre de l’Etat Islamique."
En prison, mais sauvée in extremis : la famille a échappé de peu au sort qu’ont subi d’autres passagers du même navire. Quinze autres Palestiniens sont morts.
Des centaines, voire des milliers de candidats
Tout comme ces centaines de migrants qui ont coulé, la semaine dernière, au large de l’île de Malte. Une querelle entre les passeurs et leurs passagers, qui s’est achevée avec le naufrage de deux navires et de tous ceux qui se trouvaient à bord, sans grand espoir désormais de les retrouver en vie.
Ils sont aujourd’hui des centaines, peut-être des milliers à vouloir quitter Gaza. La plupart illégalement. Par les tunnels de contrebande creusés sous la frontière avec l’Egypte, comme ce jeune homme de 23 ans qui a tenté de faire le voyage.
"Je voudrais aller en Belgique. J’ai pris ma décision à la fin de la guerre. J’ai essayé plusieurs Fois mais ça a échoué. Je voulais passer par les tunnels. J’ai rencontré un trafiquant de Gaza. Il nous a fait un faux tampon égyptien pour passer les check-points.
On devait payer 3 200 dollars pour arriver en Italie. Mais en arrivant côté égytien, j’ai pris peur. Alors j’ai rebroussé chemin."
"Le moteur de cette immigration : la frustration et le désespoir"
Quitter gaza n’est pas nouveau. 15.000 Gazaouis l’ont déjà fait après l’arrivée du Hamas en 2007. Mais à l’époque, ils partaient légalement, avec des visas.
Cette fois ci, ils partent par tous les moyens, pour fuir la misère et la guerre.
Mokaimar Abou Sada est analyste politique :
Les candidats au départ pourraient se chiffrer par centaines. Au point que le Hamas a décidé d’arrêter plusieurs contrebandiers ces derniers jours.